Reynoutria japonica
Port de la plante
Fleurs
Reynoutria japonica
Plante herbacée, vivace rhizomateuse, à port buissonnant. Annuellement, elle forme des tiges aériennes robustes, souvent tachetées de rouge (forme de lenticelle) et pouvant atteindre 3 m de hauteur et 4 cm de diamètre, formant de vastes massifs denses. Elle possède des rhizomes, tiges souterraines bien développées et lignifiées, assurant la pérennité de la plante et permettant la reproduction végétative. Elles peuvent atteindre 15 à 20 cm de long et pénétrer dans le sol jusqu’à 2 à 3 m de profondeur. Des racines adventives sont émises des rhizomes. Son limbe foliaire est largement ovale, atteignant 20 cm de long et est brusquement tronqué à la base. Les fleurs de couleur blanc-crème et blanc verdâtre se développent en panicule plus ou moins lâches de 8 à 12 cm de longueur.
La renouée du Japon est très dommageable pour l'environnement car elle se propage extrêmement rapidement, empêchant ainsi la végétation indigène de se développer.
Reproduction :
Plante dioïque (pied mâle et pied femelle) à floraison automnale (août - octobre) et à pollinisation entomophile.
Reproduction sexuée : En France, seuls des individus mâles stériles sont connus sur le territoire. La formation de graines est réalisée par fécondation croisée avec le pollen de Reynoutria sachalinensis, donnant naissance à un hybride Reynoutria x bohemica. La production de graines viables est rare et les plantules sont généralement bloquées dans leur développement. Quand il y a production de graines, les akènes ailés sont dispersés par le vent et l’eau.
Reproduction asexuée : Principal mode de reproduction de la plante à partir des fragments de rhizomes et de bouture de tiges à partir des noeuds. 7 g de fragment de rhizome suffisent à renouveler un individu.
Mode de propagation :
Dans l’aire d’introduction, la plante se dissémine rarement par ses graines. La conquête de nouveaux territoires se fait donc par la multiplication végétative qui est facilitée par
l’eau, l’érosion des berges, les rivières et, parfois, les animaux qui ont tendance à transporter des fragments de la plante. L’homme intervient dans sa propagation par le déplacement de terres contaminées par les plantes ou lors des transports lors des évacuations en déchetteries dans des remorques non bâchées suite aux fauchages ou interventions de tailles réalisées dans les propriétés ou jardins de particuliers.
Le parasitage est également très fréquent lors des travaux de génie civil et rural (construction de routes et autres voie de communication, réseauxd’assainissements, aménagements de cours d’eau, d’espaces verts, etc.).
Dans son aire de répartition naturelle, cette plante est une espèce pionnière des pentes de volcans jusqu’à des altitudes pouvant atteindre 2500 m. Elle se développe également le long des ruisseaux. Elle préfère les environnements ensoleillés à mi-ombragés, les sols drainés voire légèrement humides. Elle affectionne les sols riches en azote, mais préfère largement les sols acides.
Impact sur la biodiversité :
La Renouée du Japon est une espèce très compétitrice du fait de sa rapidité de croissance et de la canopée formée par son feuillage et sa densité en tiges. Elle forme des peuplements monospécifiques qui ont un effet :
Sur le fonctionnement des écosystèmes :
- Recyclage des nutriments : augmentation de la dynamique du cycle de l’azote (N), de la teneur en potassium et manganèse dans les sites envahis, du recyclage des éléments nutritifs et de la fertilité des sols.
- Epaisseur/Décomposition de la litière : accélération ou diminution de la vitesse de décomposition de la litière en fonction des milieux envahis, épaississement de la litière.
- Altération physique du sol: diminution de l’épaisseur de l’horizon A des sols (terre arable), augmentation du sapement et de l’érosion des berges. Réduction de la diversité physique des berges.
- Déviation de la circulation des eaux et pollutions organiques des eaux du fait de la biomasse importante qui est produite et de la mauvaise décomposition des feuilles.
Sur la structure des communautés végétales en place :
- Création d’une nouvelle strate de végétation dans les milieux envahis.
- Diminution de la couverture herbacée.
Sur la composition des communautés végétales en place :
- Diminution significative des Poaceae.
- Diminution du recouvrement et de la richesse spécifique d’espèces indigènes.
- Diminution de la diversité spécifique au niveau des sites envahis et de la richesse spécifique.
- Homogénéisation de la banque de graines du sol.
Sur les interactions avec les espèces indigènes animales et végétales :
- Diminution des assemblages d’invertébrés terrestres dans les sites envahis.
- Augmentation des invertébrés aquatiques déchiqueteurs du fait de l’accumulation de la litière dans les sites envahis.
- Modifications de l’abondance et de la richesse en Coléoptères, variables en fonction des guildes trophiques (diminution des herbivores et des prédateurs, augmentation des détritivores.
- Modifications de l’abondance et de la richesse de la macrofaune (Gastropodes, Isopodes et Diplopodes, Opiliones).
- Dégradation de la qualité de l’habitat des amphibiens du fait de la diminution des insectes dans les sites envahis.
- Diminution du recouvrement des espèces indigènes par compétition.
- Modifications sur les assemblages de pollinisateurs en fonction des saisons.
Sur les espèces/habitats à fort enjeux de conservation :
- Menaces sur les espèces à valeur patrimoniale, par exemple l’Angélique des estuaires, Angelica heterocarpa, espèce endémique de quelques estuaires français, protégée par la réglementation nationale (Liste Rouge, arrêté du 20 janvier 1982) et européenne (espèce prioritaire de la Directive Habitats).
Impact sur les usages :
- Limitation de la circulation et de l’accès des usagers en particuliers des pécheurs aux rives des cours d’eau.
- Dégradation des ouvrages (ponts, vannages…) suite à la création d’embâcles sur les cours d’eau.
- Pose de nombreux problèmes aux gestionnaires d'espaces publics, aux particuliers et aux agents de l'Équipement et des collectivités locales qui n'arrivent plus à maîtriser sa prolifération.
Usages :
Ornement :
Espèce attrayante par sa croissance rapide et son aspect décoratif. Elle ne semble pas être commercialisée en France, mais peut se trouver ponctuellement sur certains sites d’horticulteurs étrangers ou de jardiniers amateurs (récolte de graines).
Médical :
Espèce utilisée dans la pharmacopée traditionnelle chinoise.
Apparition :
Introduction volontaire en Europe en 1825 comme plante ornementale, fourragère, mellifère et fixatrice du sol. Grâce à sa floraison exceptionnelle, la Reynoutria Japonica est devenue une plante populaire dans les jardins victoriens de l'Europe, remportant une médaille d'or en 1847 de la Société de l'agriculture et l'horticulture à Utrecht comme la plante la plus "intéressante" de l'année. Elle s’est naturalisée à la fin du 19ème siècle et a débuté sa colonisation exponentielle vers le milieu du 20ème siècle.
Présence en France :
L’ensemble du territoire français est colonisé par la Renouée du Japon.
Répartition de la Reynoutria Japonica en France
En Europe :
L’espèce est largement répandue en Europe de l’ouest (Allemagne), du nord (Royaume-Uni, Danemark, Finlande, Norvège) et de l’est (Pologne, Russie), ainsi que dans les pays de l’Europe du sud (Italie, Croatie, Macédoine, Bosnie-Herzégovine).
Habitats colonisés :
Cette invasive forme des peuplements monospécifiques étendus principalement sur les rives de cours d’eau et les zones d’alluvions. La bonne alimentation en eau et la richesse du substrat en éléments nutritifs lui permettent d’avoir une croissance et une compétitivité optimales. Elle colonise également les milieux perturbés et rudéralisés comme les bords de route, les talus ou les terrains abandonnés où elle résiste à une certaine sécheresse grâce à ses rhizomes profonds et étendus. On la trouve aussi en bordure de lisière forestière et elle colonise les forêts alluviales (peupleraies, aulnaies, frênaies humides, saulaies...).
Prédateurs :
Comestible pour les moutons, les ânes, les chèvres, les vaches et les chevaux.
Le moineau domestique se nourrit des akènes et les fourmis attaquent les bases des feuilles. La plante sert d’hôte à plusieurs champignons. Bien que les insectes herbivores peuvent dévorer jusqu’à plus de 40% de la surface foliaire, ces prédateurs ne causent pas des dommages suffisants pour arrêter la propagation.
Arrachage manuel :
- Extraction des rhizomes du sol. Méthode fastidieuse et illusoire. Cette technique se révèle peu efficace car il est difficile d'extraire l'ensemble des rhizomes du sol.
Mécanique :
- Fauche : La Renouée du Japon réagit à cette perturbation en augmentant les densités des tiges et en diminuant la hauteur et le diamètre des tiges. Les diminutions des hauteurs font suite à l’épuisement des réserves durant l’année entraînant une vitalité moindre de la plante. L’efficacité du contrôle est accrue en augmentant le nombre de fauches dans l’année ce qui permettra d’épuiser les réserves de la plante, et en appliquant un certains nombre de mesures sur le site de fauche : lors des dégagements et des fauches, couper les tiges en-dessous du premier nœud, entasser les tiges sur le site même, pour limiter le transport et le risque de contamination, stocker les résidus de fauche sur bâche en milieu ouvert et hors zone inondable, recouvrir le tas pour éviter toute dispersion par le vent, laisser sécher les résidus pour les brûler dès que possible, retourner le tas 2 à 3 semaines plus tard pour favoriser le séchage, surveiller qu’aucun résidu ne s’enracine et , lorsque c’est le cas, l’extraire immédiatement, nettoyer les outils, les pneus et chenilles des véhicules. Suivre la gestion tous les mois pendant plusieurs années. Cette méthode de lutte est encore plus efficace quand elle est couplée avec d’autres mesures comme le reboisement.
Traitement chimique à proscrire car présente un risque pour la santé humaine, la végétation indigène et impacte l'environnement immédiat. Privilégier les techniques alternatives.
Lutte biologique :
Des études sont actuellement en cours sur l’introduction d’herbivores japonais spécifiques à la Renouée du Japon comme le Gallerucida nigromaculata. Ces herbivores semblent provoquer des dommages très importants sur les populations.
Renaturation du milieu alluvial par la reconstitution des peuplements forestiers et des ripisylves.
L'écho-pâturage donne des résultats satisfaisants permettant d'atténuer le développement par épuisement. Des sites tests sont en cours d'expérimentation en Bretagne sud sur des espaces limitrophes du Golfe du Morbihan.
D'autres recherches en cours au Royaume Uni ont permis d'identifier un petit psyllide du japon, le Psyllida Alphalara itadori, comme un agent approprié pour contrôler cette planta invasive. Ce petit insecte suceur de sève ne peut se développer et achever sa croissance que sur la renouée Japonaise.
Les essais de terrains auraient démontrés que le risque de dommage sur les espèces indigènes était faible. Il reste malgré tout à sécuriser cette technique alternative au désherbage chimique avant le déploiement sur d'autres territoires.