Table des matières :
Suite au Grenelle 2 de l’Environnement, la surveillance des bioagresseurs et des auxiliaires, autrefois
réservée aux professionnels de l’agriculture, a été étendue, à l’ensemble des cultivateurs de végétaux, dont les jardiniers amateurs.
Cette action contribue à la surveillance biologique du territoire (SBT) dans le domaine végétal, avec pour buts principaux :
Le secteur du jardinage amateur se doit de prendre une part active à ce dispositif. Il s’inscrit dans le plan d’action national ECOPHYTO 2018 dont l’objectif est de réduire de manière importante l’usage des pesticides, en intervenant uniquement si nécessaire et en favorisant les méthodes alternatives aux traitements chimiques.
En matière de santé et de protection des plantes il est prouvé que le tout chimique conduit à une impasse, avec pour conséquences :
Nous savons également que les traitements utilisés seuls conduisent à des impasses techniques. Il a en effet été démontré que l’usage inadapté et parfois abusif des produits phytopharmaceutiques génère chez les bioagresseurs des résistances qui conduisent rapidement à des pertes d’efficacité et à la nécessité de mettre au point de nouvelles molécules.
Par ailleurs, l’utilisation des pesticides peut perturber les mécanismes naturels de régulation des bioagresseurs, à la base des réactions d’autoprotection des plantes et de l’action des organismes auxiliaires.
L’éradication complète des parasites des végétaux ne peut se concevoir dans nos jardins. Il est préférable de contrôler les populations de bioagresseurs dans une approche générale prenant en compte la vie de la plante au sein de l’écosystème qu'est le jardin.
Un comportement plus raisonnée doit s’instaurer en acceptant un certain niveau d'infestation de le population de bioagresseurs, afin de maintenir une certaine biodiversité fonctionnelle en tolérant cette prédation au-dessous d’un seuil de nuisibilité.
En jardinage amateur, nous pouvons tolérer quelques dégâts d’ordres quantitatif, qualitatif ou esthétique. Cependant, nos espaces-verts ne doivent pas servir de refuges ou réservoirs à bioagresseurs pouvant contaminer les cultures voisines.
La réduction, voir la suppression de l’emploi des pesticides contribue au développement des auxiliaires dans nos jardins, alliés incontournables pour lutter contre les nuisibles.
Pour bien utiliser ces auxiliaires, il nous faut passer par une phase d'apprentissage pour les reconnaitre afin de bien orienter les futures actions de protection biologique intégrée. Cette connaissance sera fondée sur une bonne observation de la biodiversité présente dans nos jardins.
Le diagnostic de terrain peut se définir comme la recherche de la cause d’un désordre au cours de la croissance et du développement des végétaux, mais également comme une action permettant de reconnaitre et cibler une attaque d'un bioagresseur, une affection parasitaire ou d’un dérèglement non parasitaire, à partir d'indices visuels et comportementaux.
Le diagnostic de terrain est un prérequis avant toute prise de décision et action de remédiation.
Réaliser un diagnostic est comparable à conduire une investigation basée sur la recherche et l'analyse d'indices permettant de cibler les problématiques et les pistes de solutions de remédiations.
Poser un bon diagnostic nécessite une solide connaissance du terrain et un sens de l’observation affuté se confirmant avec l'expérience. Un minimum de connaissances sur les symptômes, la biologie des agresseurs, parasites et maladies est indispensable pour l'établissement d'un constat phytosanitaire fiable.
La détection précoce des organismes nuisibles est primordiale pour prévenir toute propagation et limiter le nombre d'actions curatives.
Dès la première phase, le diagnostic de terrain sert à différencier les deux grandes causes possibles de désordre sur les végétaux :
Un diagnostic in situ ne permet pas systématiquement d'identification à coup sûr l'origine d’un dégât mais constitue une base de connaissance à compléter en consultant des ouvrages techniques de référence, des professionnels de l'expertise et et de l'analyse (laboratoires).
Un diagnostic est facilité, dans la plus grande majorité des cas, par le fait qu’un symptôme observé peut être imputé directement à la cause qui le provoque. Il s’agit dans ce cas d’état symptomatique.
Cependant, dans certaines circonstances, des maladies peuvent se développer sans qu’il n’y ait de symptômes apparents nettement marqués. La liaison entre les symptômes observés et les causes probables du désordre ne sera alors pas évidente à définir. Il pourra y avoir des risques de confusion entre plusieurs causes. il s'agira alors d’état asymptomatique.
Lors des observations, pour reconnaître des symptômes, il est primordial de connaître le développement des végétaux dans leur état végétatif normal en connaissant :
La période d’observation :
En prenant en compte l’ensemble des bioagresseurs susceptibles d’attaquer une plante, l’observation doit porter sur toute la durée du cycle végétatif de celle-ci. Cependant, il existe plusieurs stades pendant lesquels les végétaux sont plus vulnérables aux attaques des bioagresseurs diverses :
En observant à un couple bioagresseur/plante-hôte (cas le plus courant), à un certain stade de croissance du cycle végétatif d’une espèce potagère par exemple, la période
d’observation est restreinte. Elle prend en compte les risques de survenue du bioagresseur en s’appuyant sur les connaissances de son comportement à différentes phases de son cycle sur son hôte, mais également la durée de la période diurne et la température ambiante.
Pour chaque couple bioagresseur/plante-hôte, la période d’observation peut varier en fonction des zones bioclimatiques : le démarrage de la végétation est plus précoce en Bretagne sud que dans le Nord de la France par exemple.
Un diagnostic visant à rechercher les causes probables d'un dégât doit toujours se faire dès la constatation de l’apparition des premiers symptômes (Symptômes primaires).
Un diagnostic trop tardif réduit les possibilités de prises de décisions et fait systématiquement courir le risque de voir apparaître d’autres symptômes liés aux agissements d’organismes pathogènes opportunistes secondaires lors de surinfections, comme par exemple des cryptogames ou des bactéries, qui profitent d’une lésion ou d’un état de faiblesse générale de la plante pour se développer.
De plus, la détection précoce d'une maladie ou du ravageur offrira la possibilité de poursuivre l’évolution des symptômes avec une fréquence d’observation plus importante ou de réaliser une action rapide de remédiation.
Fréquence des observations
Une fréquence élevée du nombre d’observation de l'ordre d'une par semaine augmente les chances de découvrir un bioagresseur à un stade précoce.
Les observations peuvent être réalisées quelque soit le moment dans la journée en évitant les périodes de température extrêmes tout en privilégiant le début de la matinée. Une observation matinale facilite le diagnostic pour tout ce qui relève du flétrissement partiel ou total des végétaux.
L’observation en soirée ou plus tardive peut être utile dans le cas ou les prédateurs ou ravageurs son les plus actifs au crépuscule ou la nuit.
Un minimum d’outils est nécessaire pour procéder à une bonne observation sur site :
Les outils de base pour toutes les observations :
Pour l’observation du sol et des racines :
Conditions de culture et normes environnementales à prendre en compte :
Les causes non parasitaires doivent être recherchées en premier lieu, ne serait-ce que pour les éliminer et mieux se concentrer ensuite sur la recherche de causes parasitaires. Il faut pour cela :
Un manque d’eau en profondeur pendant une période prolongée : Utiliser un petite tarière pédologique pour procéder à cette vérification.
À l’inverse, l’asphyxie racinaire due à l’hydromorphie (qui peut se repérer par la présence d’eau stagnante sur le sol ou sous la surface du sol) est souvent une cause de désordre dans la croissance des plantes. Paradoxalement, elle peut conduire au flétrissement généralisé des plantes.
Des températures extrêmes.
Des variations brutales de températures, le froid et le gel.
Des phénomènes météorologiques violents (fort vents, orages de grêle...).
Il est à noter que les effets de la neige ou du gel sur la végétation (plantes à feuillage persistant) se manifestent souvent plusieurs jours après la fonte.
Parmi les causes de désordres d’origine non parasitaire, il convient d’envisager les causes liées au fonctionnement de la plante dans ses milieux : le sol (causes édaphiques) et l’atmosphère. Les causes les plus couramment rencontrées sont :
La confusion peut souvent se faire :
Il peut être nécessaire, en cas de doute, de compléter le diagnostic visuel par une analyse du sol ou du végétal.
Les causes parasitaires sont engendrées par des agents biotiques (vivants) qualifiés de bioagresseurs.
Par ordre décroissant des préoccupations pour le jardinier amateur, nous trouvons :
Les plantes considérées comme envahissantes, aussi nommées plantes invasives, sont en général des végétaux d’origine exotique, dont la vitesse de développement et de colonisation de l’espace, dans un lieu donné, est susceptible de :
Ces plantes peuvent avoir été introduites sur le territoire :
Pour ces espèces, l’introduction est un premier stade, qui précède l’étape la plus significative de l’invasion, c’est-à-dire leur dissémination de proche en proche sur le territoire de conquête par de nombreux vecteurs : les insectes, le vent, les oiseaux, les pratiques culturales… le rejet volontaire dans le milieu naturel est également une des cause de cette problématique.
Le caractère invasif n’est pas du seul fait des plantes exotiques. Beaucoup de plantes, qui ont eu un caractère exotique dans un passé très lointain mais qui sont aujourd’hui considérées comme des plantes autochtones, sont souvent très préjudiciables au jardinier. C’est surtout le cas lorsque leur éradication systématique au jardin n’est plus la règle (buddleia par exemple).
Le caractère invasif d’une plante est presque toujours lié à la présence chez l’espèce d’au moins quatre caractères déterminants :
De plus, les plantes nouvellement introduites n’ont en général sur le territoire ni prédateur, ni parasite, ce qui contribue à leur expansion rapide.
L’intervention de l’Homme facilite souvent, involontairement, le caractère invasif d’une plante. C’est notamment le cas pour la flore adventice en agriculture ou la pratique de la monoculture. L’usage associé des désherbants chimiques sélectifs des plantes cultivées, mais aussi parfois des plantes adventices de la même famille, provoque des sélections de flore, laissant le champ libre à un très petit nombre d’espèces.
La nuisibilité de ces plantes invasives ou potentiellement invasives est parfois difficile à évaluer en raison du délai s’écoulant entre l’acclimatation de la plante dans son lieu d’introduction et la découverte de son impact sur les écosystèmes. Le degré de nuisibilité ne fait pas non plus toujours consensus selon le type d’impacts : atteinte à la biodiversité, préjudice économique, risques pour la santé humaine…
Le contrôle des populations de plantes invasives suppose qu’elles puissent être détectées en tous lieux sur les espaces publics, mais aussi dans les jardins privés. L’extension de la surveillance biologique aux jardins amateurs est, de ce fait, une nécessité.
Le terme d'envahissement peut-être employé également dès qu'une rivière ou un plan d'eau connaît un important développement végétal pouvant être lié à une espèce indigène (Cératophylle, Lentilles d'eau...). Ces développement pouvant poser poser des problèmes restent cependant sur des surface localement limitées sans comparaison à la prolifération de plant exotiques invasives.
Quelques exemples de plantes invasives présentes en France métropolitaine:
La Ludwigia peploïdes et Ludwiigia uruguayensis (jussie)
est une plante à fort potentiel de développement générant une biomasse importante avec une croissance rapide ( X 2 en 3 semaines) et dotée d'un forte capacité d'adaptation à différents milieux (prairies humides, berges, cours d'eau...) et paramètres chimiques.
Le Myriophyllum brasiliense (Myriophille du Brésil)
est une plante amphibie en milieux aquatiques ou en zone humides peu profondes ayant un pouvoir de dispersion aisé par bouturage spontané ou provoqué présent un pouvoir d'extension limité.
L’étude des symptômes est un outil fondamental d’aide au diagnostic. Elle permet d’évoluer de la simple observation d’un phénomène à la recherche de ses causes.
Au jardin, les comportements anormaux des plantes doivent nous alerter. Parmi les grands types de symptômes généraux, nous pouvons distinguer :
Il peut arriver que la seule vue d’un comportement anormal de la plante ou de la présence d’un organisme inhabituel sur celle-ci permette d’aboutir directement au diagnostic. Dans la plupart des cas, il sera nécessaire, pour sécuriser le diagnostic, d’observer la présence éventuelle d’autres symptômes appelés symptômes associés. Dans ce cas, on parle de tableau symptomatique.
Le flétrissement d’une plante est un symptôme général fréquemment observé, qui peut être provoqué par de multiples causes. Celles-ci traduisent toujours, globalement, un état de déficit entre la transpiration de la plante par ses feuilles et l’absorption de l’eau par ses racines ou le transfert par les vaisseaux.
Le flétrissement momentané d’une plante en pleine chaleur est un état normal de celle-ci, provenant de la régulation stomatique du flux d’eau. Ce flétrissement est réversible.
Le flétrissement d’une plante le matin, au lever du jour, est un état anormal qui doit immédiatement alerter et qui comporte un gros risque d’irréversibilité. Il convient alors d’en rechercher les causes possibles, le cas échéant à partir de symptômes associés.
Dans un premier temps, il convient d’éliminer les causes édaphiques : déficit hydrique du sol, sol froid ou trop mouillé. Cet exercice est en général assez facile en observant l’environnement et les conditions climatiques du passé récent.
Il convient ensuite de distinguer ce qui peut provenir du système racinaire ou du système vasculaire de la plante.
Altération du système vasculaire
Le flétrissement complet ou partiel d’une plante peut provenir d’une rupture de la tige pour une cause accidentelle. Après avoir éliminé cette hypothèse, il convient d’examiner la
tige au-dessous de la partie flétrie, au collet notamment, mais aussi sur toute sa longueur pour y détecter des trous de sortie d’insectes ou d’autres attaques parasitaires.
D’une manière générale, les affections vasculaires des plantes provoquées par des attaques de champignons qui obstruent les vaisseaux ou, beaucoup moins fréquemment, par des embolies gazeuses, se traduisent rarement par un flétrissement total de la plante, mais le plus souvent par des flétrissements sectorisés, unilatéraux : un seul côté de la plante, un seul côté de la feuille. Dans ce cas, à l’observation sous-épidermique ou à la coupe transversale de la tige, les vaisseaux concernés présentent une coloration brune anormale.
Les insuffisances d’absorption racinaire de l’eau par les racines de la plante peuvent aussi être le fait de causes édaphiques, génératrices d’un manque de racines actives : sols compacts, asphyxie racinaire…
Altération du système racinaire Si la démarche de recherche des causes du flétrissement de la plante laisse penser qu’il puisse s’agir d’altération du système racinaire, il convient de gratter progressivement et minutieusement la superficie du sol, à l’aide d’un vieux couteau par exemple, pour dégager au minimum trois zones représentatives :
Les altérations du feuillage des plantes sont les symptômes les plus souvent observés et aussi les plus facilement observables, mais peuvent traduire autant la conséquence que la cause d’une affection. Ces altérations peuvent affecter directement le limbe de la feuille ou, plus rarement, les pétioles au point d’attache sur la tige ou sur toute sa longueur. Dans le cas d’affection du limbe, ces anomalies concernent :
Indirectement, les altérations du feuillage révèlent une atteinte des fonctions vitales de la plante au-dessous des symptômes visibles : chancre ou pourriture des rameaux, branches ou tronc, maladie vasculaire, galerie d’insectes xylophages, affection du collet ou des racines…
Altération de la forme des feuilles
La surface foliaire peut être réduite, parfois de manière asymétrique. Le découpage du tour des feuilles peut être modifié, avec des aspects plus ou moins dentelés. Les feuilles peuvent revêtir un aspect plus ou moins gaufré, cloqué ou en forme de cuillère.
Altération de la couleur des feuilles
Sur les faces supérieure ou inférieure des feuilles, l’altération de couleur est à préciser : jaunissement, coloration anormale des feuilles, chlorose, nécrose et taches foliaires sont des symptômes d’alerte à ne jamais négliger. La forme et la localisation précise de ces changements de couleur sur le limbe des feuilles ou des folioles sont essentielles au diagnostic.
Quatre principaux cas sont à considérer :
Les taches foliaires ont souvent des faciès typiques d’un bioagresseur ou d’un groupe de bioagresseurs.
On distingue les principales formes suivantes :
Dans une évolution avancée, les taches peuvent se rejoindre : on dit alors qu’elles sont coalescentes.
L’intégrité des tissus du feuillage
Les feuilles peuvent présenter des traces de piqûres, de morsures, de mines (galeries sous-épidermiques) ou de morsures (consommation plus ou moins importante du limbe). On distingue principalement :
La présence visible d’organismes étrangers à la plante
Ceux-ci peuvent, de manière fugace ou récurrente, être présents de manière visible sur les feuilles : mycélium ou pulvérulence de spores de champignons, miellat, fumagine, toile, ravageurs à différents stades possibles de leur cycle, déjections diverses…
Dans la majorité des cas, les symptômes observables sont sur l’organe ayant l’organisme nuisible présent, et sur le site d’infestation. Il s’agit du diagnostic le plus facile à réaliser.
Mais pour de nombreuses maladies fongiques, bactériennes et virales, ainsi que pour quelques ravageurs, il y a une différence entre ces deux lieux :
1 : attaque primaire
2 : effet indirect.
Sont principalement concernées les attaques des racines, du collet, des vaisseaux et des ramifications.
Les insectes, les acariens et les nématodes sont qualifiés de ravageurs des plantes si, sur la totalité de leur cycle, mais le plus souvent seulement à des stades précis de leur cycle de reproduction, ils sont susceptibles d’entraîner des dégâts plus ou moins importants sur les plantes.
Ces dégâts peuvent être directs par consommation ou souillure du végétal, ou indirects par transmission de maladies, virales notamment.
Les préjudices subis peuvent être d’ordre esthétique, notamment dans le domaine de plantes ornementales, ou entraîner une réduction qualitative ou quantitative de la production dans le domaine des plantes vivrières.
Le diagnostic des ravageurs se fera, le plus souvent :
La simple perte de croissance d’une plante peut faire suspecter l’action d’insectes piqueurs suceurs de sève.
Présence et observation directe des ravageurs sur les plantes
La petite taille des ravageurs à observer est souvent un handicap et une bonne loupe de poche (x8 ou x10) est toujours très utile.
La localisation des ravageurs sur la plante, notamment pour les plus petits d’entre eux, est presque toujours un indicateur précieux dans la détermination. Il arrive souvent qu’il n’y ait présence que sur un seul organe de la plante : les bourgeons, les boutons floraux, la face supérieure et/ou inférieure des feuilles…
Seule l’observation de la morphologie complexe de chaque stade du cycle de développement du ravageur peut conduire à une détermination précise allant jusqu’à l’espèce. Cependant, des observations globales et comportementales sont des indices précieux : la forme de l’enroulement d’une larve terricole, le saut caractéristique des altises, le mode de déplacement d’une chenille qualifiée d’arpenteuse…
Observation indirecte des ravageurs par la présence d’indices
L’observateur vigilant peut être alerté par la présence d’éléments en lien avec le cycle de développement ou avec la biologie du ravageur, tels que des cocons, des toiles (pour les acariens principalement), des mues, aussi appelées dépouilles nymphales ou exuvies. C’est aussi le cas fréquemment rencontré du miellat, liquide sucré et collant sécrété par de nombreux insectes piqueurs et suceurs de sève (pucerons, psylles, aleurodes, cochenilles, cicadelles…) Ce miellat attire les fourmis qui s’en nourrissent et favorise le développement de champignons saprophytes d’aspect poudreux noir : la fumagine.
Les réactions localisées du végétal peuvent aussi être des indicateurs. L’exemple nous est souvent fourni par les insectes galligènes qui provoquent, en leur faveur, des excroissances des tissus végétaux.
L’observation des auxiliaires
La présence de ravageurs sur les plantes permet aussi d’observer simultanément des auxiliaires prédateurs ou parasites des ravageurs des plantes .
Dans le cas des prédateurs, on observe directement la présence de l’insecte ou de l’acarien, au stade adulte ou au stade larvaire, qui se nourrit du ravageur.
Dans le cas des insectes parasitoïdes (parasites de ravageurs), on voit plus rarement l’insecte qui vient le plus souvent pondre dans le corps des ravageurs. Au changement de couleur et de forme du ravageur, on observe cependant très bien l’évolution progressive du ravageur parasité qui dépérit progressivement.
En l’absence d’auxiliaires au jardin (suite à l’usage inapproprié de pesticides par exemple !), les ravageurs connaissent des fluctuations cycliques plus brutales et plus fréquentes, pouvant se traduire par des pullulations régulières. Les deux exemples ci-après sont théoriques, mais montrent bien les dynamiques de populations qui s’établiraient si les mécanismes naturels de régulation n’existaient pas.
Le puceron lanigère du pommier
Chaque femelle de puceron donne naissance à 50 femelles en moyenne, capables de se reproduire à leur tour au bout de 15 jours. Une femelle s’installant dans un jardin début avril aura une descendance potentielle de 1 000 individus fin avril, un million fin mai et… un milliard de milliards fin septembre ! La masse d’insectes serait équivalente à deux fois celle de la population humaine mondiale.
Les piérides du chou
Un couple de piérides du chou donne 400 descendants, qui se reproduiront à leur tour pour obtenir 16 millions de chenilles en trois générations ! Dans un carré de 50 choux, l’attaque par deux chenilles ne pose pas de problème majeur. Les 400 chenilles de la génération suivante, avec 8 chenilles par chou, occasionnent des dégâts visibles, sans pour autant mettre en danger la totalité de la récolte. En revanche, avec 80 000 chenilles à la génération suivante (1 600 par plante), il est probable que la récolte soit perdue et que les chenilles affamées se répandent dans tous les jardins voisins.
L’observation des auxiliaires est donc fondamentale. Leur présence, l’appréciation des quantités relatives ravageurs/auxiliaires seront des éléments forts de la prévision d’évolution de l’attaque et, consécutivement, des décisions à prendre pour la protection des plantes. Dans tous les cas, elles inciteront à renouveler, voire à resserrer la fréquence des observations pour suivre de près l’évolution de la situation.